Aller au contenu principal

Couleuvre d'Esculape

Zamenis longissimus

Portrait de la Couleuvre d'Esculape

Portrait de la Couleuvre d'Esculape (© Andreas Meyer)

Fiche espèce

Statut de menace : en danger (EN)

Priorité nationale : moyenne (3)

Caractéristiques :

  • Allure élancée
  • Tête longue et étroite, faiblement distincte du corps
  • Ecailles dorsales particulièrement lisses, non carénées
  • Couleur de fond brune ou brun foncé brillant
  • Partie antérieure du corps éclaircie de jaune ou de vert olive
  • Plusieurs écailles dorsales portant un liséré blanc, qui lui confère un aspect moucheté caractéristique
  • Grands yeux
  • Grandes écailles sur la tête
  • Ecailles labiales (lèvre supérieure) en contact avec l'oeil
  • Junéniles: Paire de taches jaunes souvent bordée de noir derrière la tête, bande noire de l'oeil à la commissure des lèvres

Confusions possibles
Couleuvre verte et jaune
Couleuvre à collier nordique
Couleuvre à collier helvétique

Ajoutez votre observation

description

Description

Rares sont les serpents qui ont bonne réputation. C’est le cas pourtant de la Couleuvre d’Esculape (Zamenis longissimus), le serpent représenté sur le caducée des professions médicales. Déjà chez les Grecs anciens, Asclépios, dieu de la médecine, tient dans sa main droite un bâton autour duquel est enroulé un serpent, symbole de la prospérité, de la fertilité et du bien-être. Les dieux grecs furent romanisés et vers le IIIème siècle av. JC, Asclépios, devenu Esculape, prend l’apparence du serpent sacré couronné venu mettre fin aux épidémies de peste qui ravagent Rome. La prédilection de la Couleuvre d’Esculape pour les rats et les souris n’est certainement pas étrangère à sa bonne réputation.

Avec la Couleuvre verte et jaune, la Couleuvre d’Esculape est le plus grand serpent de Suisse. Les mâles peuvent dépasser 1 mètre 50 de longueur et les femelles 1,2 m. A la naissance, les jeunes mesurent 23 à 25 cm. Ils ont deux taches claires de chaque côté de l’arrière de la tête, à l’image de la Couleuvre à collier. Les adultes sont d’un brun jaune luisant, un peu plus clair vers l’avant, avec de nombreuses écailles bordées de blanc. Le ventre est généralement jaune. On peut rencontrer aussi des animaux gris vert à olive. La tête de l’Esculape est jaunâtre, relativement petite et étroite à l’arrière. Elle prend toutefois une forme triangulaire lorsque le serpent est sur la défensive.

moeurs

Mœurs

On découvre souvent les Couleuvres d’Esculape en soulevant une vieille planche ou une tôle. Ces abris leur procurent non seulement un couvert, mais aussi un microclimat favorable, chaud et humide, ainsi que des proies en abondance. Bien qu’essentiellement terrestre, l’Esculape grimpe volontiers aux arbres, escaladant parfois la charpente d’une vieille bâtisse. Des ornithologues l’ont découverte dans des nichoirs fixés sur des arbres à plus de 4 mètres de hauteur.

L’Esculape est capable de parcourir de grandes distances pour satisfaire son appétit, ses besoins en chaleur ou pour gagner ses quartiers d’hiver. Au sud du Tessin, l’espace vital individuel est de l’ordre de 2 à 4 hectares, et les couleuvres peuvent parcourir plus de 100 m en une journée. La couleuvre d’Esculape est localement assez abondante : la densité de couleuvres peut atteindre environ 1.3 individus à l’hectare si l’on considère un ensemble paysager constitué de forêts, de lisières, de champs cultivés, de prairies et de zones alluviales, et 18 individus par km le long d’un transect de recensement.

La Couleuvre d’Esculape est une grande dévoreuse de petits mammifères de toutes sortes : campagnols, mulots, rats, souris, loirs, taupes, musaraignes. Elle chasse aussi bien à l’affût qu’en parcourant activement les galeries des micromammifères, dévorant les jeunes au nid. Occasionnellement, l’Esculape mange de jeunes oiseaux ou des oeufs. Comme un boa constricteur, elle étouffe ses proies avant de les avaler. Les jeunes couleuvres se nourrissent surtout de lézards.

Les accouplements ont lieu au printemps et en automne. Le mâle saisit la nuque de sa partenaire entre ses mâchoires avant et pendant la copulation qui dure une trentaine de minutes. Lorsque deux mâles se rencontrent en présence d’une femelle, ils s’affrontent rituellement en s’enlaçant vigoureusement, mais sans se mordre. En juillet ou en août, suivant les conditions climatiques, la femelle pond 5 à 12 oeufs mous et allongés, longs de 4 à 5 cm. Elle les dépose dans un tas de feuilles, de fumier, de compost ou de toute autre matière organique en décomposition, voire dans une galerie souterraine abandonnée. Les jeunes éclosent environ deux mois plus tard. Plusieurs femelles peuvent utiliser un même site de ponte. La Couleuvre à collier et la Couleuvre verte et jaune pondent parfois dans le même site.

Mis à part l’Homme, les principaux prédateurs de l’Esculape sont les rapaces diurnes, le renard, le blaireau et le sanglier. Les jeunes peuvent être victimes du hérisson, de la Couleuvre verte et jaune, de la Coronelle lisse, des chats domestiques et des volailles des fermes.

repartition

Répartition

La Couleuvre d’Esculape occupe une partie de l’Europe centrale et méridionale, du Nord de l’Espagne jusqu’à la Russie. Elle est présente au nord de la Turquie et dans une partie du Caucase.

En Suisse, on la trouve au sud-ouest et au sud du pays (GE, VD, VS, TI et vallées méridionales des GR). En Valais, elle remonte la vallée du Rhône jusque vers Loèche. A l’Ouest, elle est présente dans le Chablais  et sur la rive nord du Léman jusqu’à proximité de Lausanne. Elle semble manquer entre Lausanne et Genève. L’Esculape a été lâchée illégalement dans le vignoble du Lac de Bienne où elle a été signalée pour la première fois en 1994 ; l’espèce s’y reproduit et se répand peu à peu. L’Esculape est avant tout répandue en basse altitude. Elle monte jusqu’à 1'300 m au Tessin et 1'600 m en Valais.

carte de répartition

protection

Mesures de protection

La conservation des habitats

Les sites de pontes sont un facteur limitant pour la Couleuvre d’Esculape:

  • Les privés : en créant de vieux tas de compost au fond de leurs jardins (ne pas les brasser en été et en automne).
  • Les forestiers : en laissant de vieux tas de bois mort, de branches ou de feuilles en lisière de forêt.
  • Les agriculteurs : en laissant quelques tas de paille ou autres déchets de fauche en bordure des champs, en maintenant un vieux tas de fumier durant plusieurs années.

Les possibilités de se mettre à couvert ou de se chauffer au soleil doivent être nombreuses:

  • Les lisières de forêts doivent être buissonnantes.
  • Des clairières doivent être aménagées dans les peuplements forestiers devenus denses.
  • Les vieux murs de pierres ne doivent pas être colmatés.
  • Les herbicides sont à proscrire.

L’éducation

  •  Les efforts d’information du grand public et des écoliers sur la biologie et la protection des serpents indigènes doivent être encouragés.
  • L’information ciblée des habitants qui côtoient régulièrement des serpents est prioritaire.
habitat

Habitat

Des six espèces de couleuvres qui vivent en Suisse, la Couleuvre d’Esculape est probablement celle qui affectionne le plus le milieu forestier. Il n’est pas rare de la rencontrer au coeur d’une chênaie ou d’une châtaigneraie, étalée de tout son long. Les sous-bois clairs, avec une abondante strate de hautes herbes ou de fougères, lui conviennent particulièrement bien. C’est cependant en lisière de forêt ou d'éboulis, dans des milieux buissonnants ou des ronciers qu’on a le plus de chance d’apercevoir ce magnifique serpent. Il faut toutefois être très attentif pour détecter la présence de cette espèce qui se camoufle bien.

Contrairement à la Couleuvre verte et jaune, avec laquelle elle partage quelquefois son espace vital, l’Esculape demeure souvent immobile à notre approche, faisant sans doute confiance à son homochromie. Comme la plupart des autres serpents, l’Esculape se réfugie fréquemment dans les vieux murs de pierres, que ce soit en bordure de vignoble ou le long d’un cours d’eau. En scrutant attentivement les interstices entre les pierres, on peut, avec un peu de chance, apercevoir une portion de son corps lisse et brun. 

Documents & publications

La Couleuvre d'Esculape - Biologie et protection : Description de l'espèce, moeurs, habitat, menaces et protection.

Jean-Claude Monney 2002: Notice La Couleuvre d'Esculape. infofauna (karch) Centre national de données et d'informations sur la faune de Suisse.

Informations détaillées sur la construction des niches pierreuses pour favoriser les reptiles

Andreas Meyer, Goran Dusej, Max Bütler, Jean-Claude Monney, Herbert Billing, Murielle Mermod, Katja Jucker, Maximilien Bovey 2011: Notice pratique petites structures Sites de ponte pour couleuvre à collier et autres serpents. infofauna (karch) Centre national de données et d'informations sur la faune de Suisse.